LA CARTE DE NOËL

 


Voici une histoire vraie, l’histoire d’un pauvre petit orphelin qui souffrait de n’avoir jamais eu de père. Mais un jour, il découvrit le plus grand de tous les pères !

 

C’était un jour d’hiver, on voyait tomber quelques flocons de neige et il faisait froid. P’tit Jacques montait et redescendait la rue, un paquet de journaux sous le bras. Il n’avait que dix ans et devait se débrouiller tout seul. Cela faisait déjà trois ans qu’il gagnait sa vie en vendant des journaux. Auparavant, il avait vécu chez Mme Barlow, une gentille vieille dame qui l’avait recueilli à la mort de ses parents.

Il regrettait le temps où il pouvait retrouver la chaleur de sa petite maison. L’hiver, quand il faisait froid comme aujourd’hui, elle avait toujours du feu et, quand il rentrait, elle lui servait une boisson chaude. Cette aimable vieille femme prenait si bien soin de lui ! Quel merveilleux souvenir il avait de ces années-là !

Un jour, à l’approche de Noël, avant la mort de Mme Barlow, une jeune femme missionnaire était venue leur rendre visite. Elle leur avait apporté un colis de denrées alimentaires et de vêtements chauds, et p’tit Jacques ne pouvait oublier pareille gentillesse. Sachant que le garçonnet n’avait pas de papa, elle lui avait remis une magnifique petite carte, en lui disant que Dieu voulait devenir son Père et s’occuper de lui. Elle avait ajouté que c’était une image de Noël rien que pour lui. Il n’avait jamais vu d’aussi jolie carte ! La dame lui en avait lu et relu le texte jusqu’à ce qu’il le connaisse par cœur : « À tous ceux qui L’ont reçu et qui croient en Lui, Il a donné le privilège de devenir enfants de Dieu. »

Elle lui avait expliqué qu’elle faisait le catéchisme à d’autres petits garçons comme lui, et que s’il avait besoin d’aide, il lui suffirait de venir la trouver.

Peu de temps après, Mme Barlow était morte, et Jacques s’était retrouvé tout seul. Comme il avait dû déménager, il n’avait jamais eu l’occasion de revoir cette dame.

Puis il était devenu vendeur de journaux. Il logeait dans une petite chambre, située dans un quartier pauvre de la ville, avec quelques compagnons d’infortune. Chaque soir après le travail, sur son lit, juste avant de s’endormir, il déballait la précieuse carte et, très lentement, en relisait le texte. Étrangement, ces mots l’encourageaient et lui redonnaient de la force. Même s’il ne pouvait pas très bien les comprendre.

Cette carte, p’tit Jacques l’avait bien relue mille fois, mais il ne se lassait pas de réciter ces paroles mystérieuses, et de regarder la belle image de Jésus qui les accompagnait.

― Oh, comme j’aimerais trouver Dieu et devenir Son enfant ! dit-il un soir aux autres garçons. Je n’ai jamais eu de père, et je me sens tellement seul quand je vois les autres enfants se promener en voiture avec leur papa. Ce n’est pas que ça me dérange de vendre des journaux, mais ce serait tellement bien d’avoir un vrai papa qui s’occupe de moi. Cette carte dit qu’on peut devenir l’enfant de Dieu si l’on croit en Son Nom. Mais c’est tout ce que je sais. Je n’ai jamais eu l’occasion de revoir la dame qui me l’a donnée. Elle m’a dit que Dieu était son Père et qu’Il voulait aussi devenir le mien. Elle m’a dit aussi qu’elle travaillait dans une école. Ah, si seulement je pouvais la retrouver, elle m’en apprendrait davantage, expliqua p’tit Jacques, en essuyant ses larmes.

― Allons donc, t’inquiète, p’tit Jacques, et arrête de pleurer, intervint Fred, l’aîné de l’équipe. Je crois bien qu’il n’y a même plus de Dieu. Je crois savoir qu’on L’a tué. On dit qu’Il est descendu du Ciel, de chez Lui, pour venir nous aider. Il était très bon et Il cherchait à aider tout le monde, mais quelqu’un l’a tué, et il n’y a pas eu de suite.

Tout cela n’était pas fait pour encourager p’tit Jacques. Mais le plus jeune des garçons prit la parole :

― Y paraît que c’était pas Dieu qu’y s-ont tué, mais Son Fils Jésus. Donc, y s’peut bien que Dieu soit encore vivant, mais Il vit tout là-haut dans le Ciel, et Il n’a plus trop affaire avec nous.

Toutefois, p’tit Jacques ne quittait pas sa carte des yeux.

― Ici, je lis, reprit-il : « Ceux qui croient en Son nom ». Si seulement je pouvais comprendre, alors je saurais comment il faut faire pour croire. J’aimerais tant être Son enfant !

Le pauvre garçon tourna son visage vers le mur et pleura doucement, jusqu’à ce qu’il fût vaincu par le sommeil. Le lendemain matin, la précieuse carte était toujours là. Après l’avoir emballée avec précaution, il la remit dans la poche de sa veste et se précipita dehors à la recherche de quelque chose à manger pour le petit déjeuner.

Le soir même, p’tit Jacques arpentait la rue, histoire de se réchauffer ― si l’on peut dire, car il était trop légèrement vêtu. Il sifflait pour se donner du cœur au ventre, vu que les affaires ne marchaient pas très fort. Noël approchait, et la vitrine d’un café était décorée de guirlandes. Il s’arrêta un instant pour regarder la serveuse qui vendait des repas et des boissons chaudes à tous les passants intéressés. P’tit Jacques avait cherché à économiser quelques centimes pour s’acheter un pâté en croûte, et, comme aujourd’hui un monsieur aimable lui avait pris un journal en lui disant de garder la monnaie, il avait décidé que ce soir-là, il se ferait plaisir. Ces bons pâtés trônaient là, dans la vitrine, encore fumants, mais comme tout le monde en voulait, ils commençaient à disparaître. J’espère que je pourrais vendre tous mes journaux avant qu’il n’y en ait plus, se répétait-il.

― Le journal du soir ! Le journal du soir ! s’écria-t-il à l’adresse d’une dame sobrement vêtue qui débouchait d’une autre rue.

― Pourquoi pas ? fit-elle.

À la gentillesse qui se lisait sur son visage, on pouvait voir que c’était pour encourager le pauvre garçon. P’tit Jacques profita de l’instant où elle tendait la main pour la dévisager. Il ne pouvait en croire ses yeux :

― Seriez-vous la fille de Dieu ? finit-il par balbutier.

― Eh bien, oui, je suis l’une des filles de Dieu, répondit-elle, quelque peu surprise par la question. Mais pourquoi me demandes-tu cela ?

Les yeux de l’enfant se remplirent de larmes de joie, et son cœur se mit à battre la chamade.

― Oh Madame, vous ne vous souvenez pas de moi ? Je suis le garçon qui vivait chez Mme Barlow, et à qui vous avez donné une petite carte. C’était aussi à l’époque de Noël ! Mais il y a bien longtemps.

En fouillant dans sa poche de ses doigts gelés, il laissa échapper ses journaux, qui jonchèrent le trottoir enneigé.

― La voilà ! s’exclama-t-il, tout excité de pouvoir lui montrer la petite carte, usée par le temps. Je l’ai toujours gardée avec moi. Je voudrais que vous m’appreniez à trouver Dieu, pour que je puisse devenir Son fils. La carte dit qu’Il fait de nous Ses enfants, alors j’ai fait de mon mieux pour être gentil et faire le bien, Madame. Comme ça, Il voudra bien de moi comme enfant. J’aime travailler, et ça me fait rien de vendre des journaux, mais je me sens seul, et j’aimerais appartenir à quelqu’un.

La femme se souvint alors de p’tit Jacques, et son visage s’éclaira de la belle lumière qui fait resplendir les enfant de Dieu.

― Eh bien, à partir de maintenant, tu appartiendras à quelqu’un, lui annonça-t-elle en se penchant pour l’aider à ramasser ses journaux. Viens avec moi.

Notre petit ami semblait perplexe.

― Je veux bien venir avec vous, mais j’ai encore quelques journaux à vendre, et je me suis fait un point d’honneur de ne jamais manger le soir avant d’avoir fini mon travail.

― D’accord, je repasserai ici dans une heure, fit-elle en admirant sa détermination. Que voudrais-tu comme dîner ?

― À vrai dire, j’ai repéré des pâtés en croûte, et j’aimerais bien en avoir un... S’ils ne sont pas tous vendus d’ici-là, reprit-il.

― Ne t’inquiète pas, p’tit Jacques, tu en auras. Je serais de retour dans une heure au plus, lui promit-elle en se dépêchant de partir.

Jamais heure ne sembla plus longue. P’tit Jacques se demanda s’il n’avait pas commis la plus grosse erreur de sa vie, en laissant partir la dame sans même lui avoir demandé où elle habitait ni avoir obtenu la réponse à ses nombreuses questions.

Voilà qu’il ne lui restait plus qu’un journal à vendre.

― Le journal du soir, M’sieur. Nouvelles fraîches, le journal du soir ! lança-t-il.

― Bien sûr, mon petit gars, répondit l’homme, touché par ses beaux yeux noirs suppliants. Tu dois avoir froid avec une veste aussi légère ?

Peut-être, mais p’tit Jacques avait chaud au cœur et ça lui réchauffait presque tout le corps. L’heure était passée à présent. Anxieusement, il attendait le retour de la dame. Un doute vint assombrir son esprit, plus glacial encore que tous les vents d’hiver : Et si elle ne revenait pas ? Et que je doive attendre à nouveau trois ans pour la revoir ? Quel terrible malheur ce serait ! Il fallait absolument qu’elle revienne. Si tu es là, mon Dieu, si Tu peux m’entendre, fais qu’elle revienne ! À peine avait-il achevé cette prière silencieuse que la femme se dirigeait vers lui, avec un sourire radieux.

― C’est arrangé ! annonça-t-elle. Non seulement Dieu veut que tu sois Son enfant, mais Il veut aussi que tu viennes vivre chez nous !

P’tit Jacques ne pouvait en croire ses oreilles.

― Il veut que je sois Son enfant, et je… je peux venir vivre chez vous ?

― Oui, répondit-elle avec enthousiasme. Je te raconterai tout ça pendant qu’on mangera nos pâtés en croûte !

― Mais il n’y en a plus ! soupira p’tit Jacques en désignant la vitrine.

― Dieu a promis de pourvoir à tous nos besoins, répondit-elle, et je suis sûre qu’Il saura nous en trouver quelque part.

Bientôt, tous deux étaient attablés, bien au chaud, dans un beau restaurant, en face de son mets préféré. Elle lui révéla des choses merveilleuses sur Dieu et sur l’amour qu’Il porte à chacun de Ses enfants. Elle lui expliqua comment Il avait envoyé Jésus, pour nous parler de Son Père et pour nous laver de nos péchés, afin que nous puissions tous devenir Ses enfants.

― Mais Jésus, le Fils de Dieu, n’a-t-Il pas  été tué ? interrompit p’tit Jacques.

― Oui, Jacques, mais au bout de trois jours, Il est ressuscité d’entre les morts, et, à présent, Il vit pour toujours. Il est notre Ami, et, grâce à Lui, nous pouvons devenir les enfants de Dieu.

Il pria avec la femme pour recevoir Jésus dans son cœur, et c’est là qu’il comprit ce que voulait dire être l’enfant de Dieu !

Cette nuit-là, il dormit à l’école missionnaire où, pour la première fois depuis longtemps, il eut la chance de prendre un bain chaud, d’enfiler des pyjamas propres et de dormir dans un bon lit douillet.

Dès qu’il en eut l’occasion, il amena ses camarades à la mission, pour qu’eux aussi entendent la merveilleuse histoire de Jésus et de Son amour. Et que, en recevant Jésus dans leur cœur, ils puissent devenir enfants de Dieu.

Ensuite, p’tit Jacques alla à l’école et se mit à étudier la Bible. À 19 ans, il obtint un diplôme d’une école biblique, avec les félicitations du jury.

 

***

Ce garçon n’était autre que James Carey, qui devint un grand missionnaire auprès des plus démunis, dans la grande ville même où il avait passé son enfance. Il fut aimé des plus pauvres comme des plus riches. Inspiré par son immense reconnaissance envers Dieu, qui avait fait de lui Son enfant, il fit de son mieux pour être un fils de Dieu dévoué et fidèle, et pour faire connaître Jésus à ses semblables.

Souvent, le soir avant de s’endormir, ouvrant un petit coffret, il prenait dans sa main une carte usée par le temps, où étaient écrits ces mots :

« À tous ceux qui L’ont reçu et qui croient en Son nom, Il a donné le privilège de devenir enfants de Dieu. »   

Traduit de l’anglais par Berniris. Vous retrouverez ce texte et beaucoup d’autres, ainsi que plein de diaporamas, sur le site : www.lebongrain.com